Focus sur la culture neuchâteloise après une année blanche
Retrouvez les interviews ici
Depuis le début de la pandémie, le monde de la culture est malmené. Ouvertures, fermetures, spectacles et expositions qui s’annulent, programmes repoussés : telle est la situation que vivent les professionnel·le·s de la culture depuis un an, et ceci sur tous les continents. a grande majorité affirment avoir subi une baisse de leurs revenus en 2020 dans tous les registres : commandes, ventes, droits d’auteurs, salaires… Les annulations d’événements, qu’il s’agisse d’expositions, de foires ou de spectacles, expliquent cette perte. Il apparait clairement que la fiction de l’artiste qui consacre tout son temps à son art, hors des contingences matérielles, ne tient pas. Les difficultés financières sont fréquentes dans le milieu et la précarité du secteur n’en est que renforcée.
Alors que la pandémie de Covid-19 s’est abattue sur la planète et a cloué tout le monde chez soi, le MBAL, comme nombre de structures culturelles, a dû revoir sa programmation. Pour célébrer sa réouverture et renouer avec le public, le musée a décidé d’offrir sur une période de deux semaines ses espaces aux artistes de toutes les disciplines et d’organiser différents moments d’échanges. Après avoir lancé un appel à destination des artistes professionnel·le·s neuchâtelois·e·s de toutes les générations, avec l’idée de récolter des œuvres inédites ou réalisées durant la pandémie, le MBAL a reçu plus de 80 dossiers dont 50 ont été finalement retenus par un comité de sélection. Manifestation née de la pandémie, Le printemps des artistes a ainsi à cœur de célébrer la richesse de la scène artistique neuchâteloise, de permettre les retrouvailles du public avec les artistes, et de faire rencontrer les arts visuels et les arts vivants.
Après une année presque blanche et alors que la pandémie de Covid-19 ne s’est pas éteinte, les lieux culturels craignent toujours de devoir annuler les rendez-vous prévus ces prochains mois. Étant donné la situation sanitaire, le MBAL a développé la mise sur pied du projet sous une forme inattendue. Ne pouvant être assuré de la tenue de la manifestation, le musée a décidé de ne pas organiser un programme d’événements au sein de ses murs, mais d’aller à la rencontre des artistes et de les filmer dans leur lieu de travail et/ou de vie. Les obstacles incitent en effet à réinventer les moyens mis en œuvre : les œuvres ne se déplacent pas au musée, c’est le musée qui se déplace chez les artistes. Si le projet prend une forme inédite, c’est pour répondre à une situation inédite qui est celle de l’empêchement, de la frustration de ne pas pouvoir avoir accès aux œuvres en présentiel, pour reprendre un adjectif entré dans le vocabulaire de cette période de pandémie. Mais c’est aussi une volonté de convoquer l’ensemble des domaines équitablement : il est aujourd’hui impossible de prévoir au mois d’avril un spectacle, un concert ou une rencontre avec un artiste. Les groupes de plus de 5 personnes restent interdits à l’intérieur.
Le printemps des artistes devient Le temps des artistes et prend vie au musée et sur Internet : sur le support numérique, il est diffusé sur les réseaux sociaux et la chaîne YouTube du MBAL où chaque jour de la manifestation de nouvelles interviews seront dévoilées ; sur les murs du MBAL, toutes les interviews filmées sont présentées dans les salles d’exposition laissées volontairement vides. Seules les voix des artistes habilleront l’espace. L’expérience sera singulière tant pour les artistes que pour le musée ou le public. Les murs blancs et les espaces nus interpelleront et agiront comme un espace de réflexion. En effet, le vide donné à l’espace est également le symbole d’une année de création empêchée, et met en relief l’impossibilité dans laquelle le secteur culturel s’est vu plongé. Cette nouvelle forme d’exposition ne souffrira pas des règles sanitaires en vigueur puisque le projet diffusé en ligne et présenté conjointement au MBAL est un projet 100% Covid-compatible ! Le cœur du projet, ce sont ici les voix des artistes qui nous parlent de leur pratique, de leurs recherches, des difficultés rencontrées durant l’année écoulée, en quoi l’arrêt des activités culturelles a un impact sur leur quotidien, et qui répondent à cette mise sous silence à laquelle sont réduits les artistes depuis le début de la pandémie.
En ouvrant ainsi la parole aux artistes, le MBAL souhaite amener sur la place publique ce qui reste habituellement de l’ordre de l’échange privé, et par ces témoignages, affirmer une forme de solidarité avec les créateurs·trices de toutes les disciplines. La crise sanitaire a mis beaucoup d’entre eux dans une situation critique. Avec les événements annulés ou repoussés et les lieux culturels contraints d’être fermés, les artistes ont été privé·e·s de partager leur univers avec le public. La mise à l’arrêt des lieux de spectacles et d’expositions a précarisé un monde culturel déjà fragile hors période de pandémie. En partant à la rencontre des artistes, le MBAL souhaite partager avec le public les coulisses de la création et créer une nouvelle archive consacrée à la scène locale. Écoutons les artistes nous parler de leurs projets et nous dire comment ils·elles jonglent entre leur pratique artistique, leur vie personnelle et les activités dites alimentaires. Nous le savons, l’équilibre a toujours été délicat, mais qu’en est-il en ce début d’année 2021 alors même que la pandémie ne s’est pas éteinte ? Nous en sommes convaincu·e·s, la meilleure manière d’aider le secteur artistique reste la réouverture de tous les lieux culturels et de permettre aux artistes de revivre pleinement au sein de la société civile. C’est ce message que porte Le temps des artistes.
Artistes présenté·e·s
Marie-Morgane Adatte
Yves André
Sassoun Arapian
ARMAN
Rolf Blaser
Caroline Bourrit
Bastien Bron
Tan Chen
Compagnie Instincts Grégaires
Compagnie Leoki
Compagnie Poésie en arrosoir
Compagnie PopKorn
Compagnie Rue Serendip
Compagnie T’O
Collectif Princesse Léopold
Maciej Czepiel
Dominique Delefortrie
Thierry Didot
Noémie Doge
Christiane Dubois
Duo Léto
Christophe Erard
Rosalie Evard
Orélie Fuchs Chen
Laure Gremion
Jeanne & Compagnie
Léon Jodry
Lélia Lortik
Antoine Humberset, The Mechanical Birds Factory
Albertine Mermet
Camille Pellaux
Guillaume Perret
Manuel Perrin
Dany Petermann
Renate Rabus
Till Rabus
Myriam Ramseyer
Colin Raynal
Sylviane Röösli
Stéphane Mercier, « Size »
Olivier Robert
Léa Stuby
Nastassja Tanner
Arnaud Guy
Théâtre Frenesi
Jean-Thomas Vannotti
Denis Roueche
Prune Simon-Vermot
U-Zehn
Diane Wallinger
Pierre Zaline
Comité de sélection
Arts visuels
Corinna Weiss
Séverine Cattin
Morgane Paillard
Nathalie Herschdorfer
Musique
Antonin Rousseau
Raphaël Krajka
Théâtre
Anne Bisang
Danse
Marc Oosterhoff
Design
Tina Moor
.
Le MBAL remercie le Canton de Neuchâtel pour son importante contribution au projet.