Petite rétrospective
Touriste de la vie quotidienne, chasseur de l’univers domestique, l’artiste met en scène dans ses vidéos, installations et objets, un 21e siècle aux saveurs douces-amères.
Du 24 juin au 10 septembre, le Musée des beaux-arts du Locle présente le travail de l’artiste genevois Christian Gonzenbach. Cette « petite » rétrospective réunit des œuvres de 1998 à 2006 et fait découvrir un univers familier revisité par un drôle de chasseur.
Dans son questionnement perpétuel du quotidien et des frontières ténues entre l’ordinaire et l’extraordinaire, l’inanimé et le vivant, l’artiste explore, manipule et transpose nos objets et aliments, et nous fait partager son émerveillement aux relents d’une inq uiétante étrangeté.
Entre 1998 et 2003, l’objet sériel, abandonné encore dans la force de l’âge aux stands des marchés aux puces, a occupé son champs exploratoire. Tour à tour dépecés et tannés, les appareils électroménagers deviennent des trophées de chasse ; incinérés le briquet et le rasoir se muent en reliques d’un passé étrangement présent ; recouvert d’un sédiment fertile, l’aspirateur devient le refuge d’une nature arcadienne.
L’artiste s’est par la suite tourné vers notre nourriture, créant des mondes parallèles, cités désertiques en maïs transgénique, ou peuplées de cornichons au comportement ambigu, tantôt humain, tantôt animal.
Depuis 2005, poursuivant ses recherches « alimentaires », il nous donne à re-voir ces animaux domestiques si attendrissants que l’on retrouve au rayon boucherie, avec une série de natures mortes animées et de sculptures de lapins, têtes de veau et d’agneau. Enfin, il ne saurait laisser le visiteur repartir sans lui raconter une nouvelle histoire, celle mythique du Great stuffed rabbit au travers de pyrogravures « high-tech » sur peau de lapin, et organiser la rencontre improbable avec cette créature qui trouvera, le temps de l’été, refuge au Musée des beaux-arts du Locle.
Jouant avec aisance des différents médiums (céramique, vidéo, installation), Christian Gonzenbach déconcerte et titille nos sens, incitant le visiteur à effleurer la mort en abandonnant sa main sur cette Sleeping Beauty à la peau si lisse ou sur ce lapin géant au pelage si doux.