DE LA COLLECTION
Les peintures d’Alexandre Girod (1889-1929) sont fascinantes tant la dimension ornementale du vêtement domine la composition. Décédé à seulement 40 ans, le peintre neuchâtelois est peu connu du public. Artiste solitaire, il produit beaucoup mais expose peu. Marqué par les grands maîtres espagnols de son enfance à Madrid et inspiré par l’art toscan de ses années de formation à Florence, Girod réalise des compositions allégoriques et religieuses emprunts de mysticisme, des paysages jurassiens ainsi que des portraits en pied.
Les deux portraits exposés illustrent la précision du geste pictural de l’artiste. La simplicité des lignes et l’intensité des couleurs sont mises au service du traitement du tissu. Ornés de motifs végétaux traités en aplat, les tissus s’imposent au regard par la puissance de leur réalisation. Tandis que dans Harmonie en bleu (Portrait de ma femme), leur présence rivalise avec le sujet en façonnant sa silhouette, ils habillent l’espace dans lequel le modèle s’inscrit dans Portrait de Madame B. G. Ces œuvres témoignent de l’intérêt de Girod pour la composition décorative que le grand format lui permet d’explorer pleinement.
Fils d’un horloger jurassien expatrié en Espagne, Alexandre Girod naît à Madrid en 1889. Après des études interrompues d’horlogerie au Locle, il entre à l’Ecole des Beaux-Arts de Genève en 1910, poursuit sa formation à Florence avant de s’installer dans les hauteurs du Locle en 1913 avec son épouse, Elisabeth Meylan. La résidence du couple aux Petits-Monts demeure son port d’attache malgré de nombreux voyages. Son travail connait un succès à l’étranger, présenté notamment à Madrid en 1922, à Londres en 1924 et à Paris entre 1923 et 1928. Suite à sa mort prématurée en 1929, sa veuve ouvre un musée dédié à son travail dans la propriété familiale. Maintenu en l’état jusqu’en 1984, le Musée Alexandre Girod ferme définitivement ses portes et l’ensemble de sa collection fait l’objet d’un dépôt au Musée des beaux-arts du Locle l’année suivante.
