Sylvie Fleury

02.11.2019
26.01.2020

8

L’une des artistes suisses les plus connues au monde, Sylvie Fleury (Suisse, 1961) occupe depuis les années 90 une position originale et féministe en créant des objets, des installations et des performances. Aimant détourner les codes, la plasticienne genevoise présente au MBAL une installation qui prend la forme d’une capsule spatiale en fibre de verre et d’acier. Un siège invite le public dans cet intérieur doublé de velours noir et de strass composé de milliers de cristaux, de projecteurs, de haut-parleurs et d’un diffuseur d’huiles essentielles. Dans 8, dont le titre fait référence au symbole de l’infini, une seule personne à la fois est admise ; dès la capsule fermée, elle a l’occasion de s’immerger de manière méditative dans une galaxie étincelante et d’entendre la bande-son du film de science-fiction Queen of Outer Space (Edward Bernds, 1958), avec entre autres l’actrice Zsa Zsa Gabor. Dans le long métrage, des amazones en talons aiguilles et soutien-gorge push-up gouvernent la planète Vénus, dont les hommes sont bannis. En revêtant des couleurs et des matériaux spécifiquement féminins à cette capsule spatiale, objet traditionnellement réservé aux hommes, l’artiste revisite avec humour le mythe de l’espace et de la mode. Son regard sur le consumérisme et l’hédonisme féminins qui s’exprime dans cette pièce créée en 2000 nous ramène également aux séries antérieures de l’artiste portant sur les fantasmes d’une conquête spatiale 100% féminine.

Prolifique et multifacette, Sylvie Fleury introduit dans son travail des éléments formels issus du minimalisme ou du Pop Art dont elle reprend les signes les plus marquants en les travestissant au féminin. La plasticienne genevoise multiplie les stéréotypes attachés aux distinctions de genres et les renvoie à leurs clichés respectifs. Dans cette optique, l’une des particularités de son travail réside dans les divers procédés d’ « appropriation » qu’elle utilise, adaptant l’histoire de l’art aux dernières tendances de la mode. Plus récemment, son affinité avec les pratiques ésotériques l’a menée à concevoir des pièces en rapport avec la spiritualité, le Zen et la méditation. L’œuvre 8 revendique quant à elle davantage l’incursion de la plasticienne dans un cosmos ésotérique inspiré de la science-fiction américaine.

Depuis près de 30 ans, Sylvie Fleury expose régulièrement dans différents pays du monde. Une importante rétrospective lui a été consacrée au Mamco à Genève en 2009. Elle reçoit le Grand Prix suisse d’art / Prix Meret Oppenheim en 2018.


Sylvie Fleury fait son entrée dans la collection du MBAL avec cette pièce, dépôt d’une collection privée genevoise.