Sous un autre angle : Stanley Kubrick photographe
Avant de devenir le cinéaste mondialement connu des films 2001 : l’Odyssée de l’espace ou Orange mécanique, Stanley Kubrick se lance dans une carrière de photographe. C’est entre 17 et 22 ans et grâce à la photographie qu’il développe l’art du cadrage, de la composition et de l’éclairage, l’objectif braqué sur New York, sa ville natale. Sa première photographie est publiée en 1945 par le fameux magazine illustré Look dont il rejoint les rangs cinq ans avant la réalisation de son premier court-métrage. Le jeune Kubrick arpente les rues de New York, un appareil photographique en main, pour documenter le monde de l’après-guerre. Ce n’est pas tant la recherche formelle qui l’intéresse mais la photographie de rue, l’observation du monde réel et les gens en particulier. À l’époque, il n’y avait pas meilleur endroit pour un photographe débutant que de travailler pour la presse illustrée américaine. La photographie, qui se développait alors dans les magazines, était le médium par excellence pour représenter le monde contemporain et son actualité. Kubrick est engagé par Look en 1946 comme apprenti, après leur avoir vendu quelques photographies. À tout juste 17 ans, il est le plus jeune photographe du magazine et se voit confier des petits sujets. L’adolescent parfait ainsi son éducation dans les bureaux de Look, sous l’œil bienveillant de ses nouveaux professeurs, ses collègues photographes et les rédacteurs du magazine qui lui propose la ville de New York comme domaine d’étude.
Rapidement, les commandes s’enchaînent et Kubrick réalise des reportages photographiques toujours plus importants. Look l’envoie dans différents lieux : boîtes de nuit, stades, mais aussi studios de télévision et de radio. Le magazine lui demande de couvrir une grande variété de sujets. Kubrick photographie autant les célébrités que les cireurs de chaussures. Il s’intéresse à tous les domaines de la vie new-yorkaise — un univers turbulent et théâtral. On y trouve la rue où les travailleurs et les mondains se croisent, la vie quotidienne comme les déplacements en métro, mais aussi des aspects hétéroclites de New York. Parfois, Kubrick s’éloigne même de la ligne éditoriale qui lui est donnée, privilégiant son goût pour l’excentrique et le décalé.
Durant ces cinq années au sein du magazine Look, Kubrick apprend à regarder à travers l’objectif d’une caméra, il observe les interactions humaines, il développe des histoires qu’il raconte par le biais d’images et apprend à travailler au sein d’une équipe. Cet apprentissage lui sert à aiguiser son oeil et lui sera particulièrement utile lorsqu’il décide de se lancer dans une carrière de cinéaste. Après avoir réalisé plusieurs documentaires sans engranger de profits, Kubrick comprend que s’il veut faire carrière dans le cinéma, il doit passer à la fiction. Il présente sa démission à Look en 1950. Son premier long métrage, Fear and Desire sort trois ans plus tard. Suivront douze films cultes, des Sentiers de la Gloire (1957) à Eyes Wide Shut (1999) son dernier long-métrage, passant par Spartacus (1960), Lolita (1962), Shining (1980) et Full Metal Jacket (1987).
L’exposition est réalisée par le Museum of the City of New York, avec le soutien de SK Film Archives. Le commissariat de l’exposition est assurée par Sean Corcoran, conservateur photographie ainsi que Donald Albrecht, conservateur architecture et design au Museum of the City of New York.
Biographie
À l’âge de 22 ans, après avoir capturé la ville de New York à l’aide de son appareil photographique, Stanley Kubrick (états-Unis, 1928-1999) se tourne vers le cinéma, médium pour lequel il manifeste un intérêt depuis quelques années. Stanley Kubrick réalise alors quelques courts métrages prenant la forme de documentaires. En 1953, il sort son premier long métrage intitulé Fear and Desire, suivit une année plus tard de Killer’s Kiss qui a la particularité d’être le seul scénario original écrit par Stanley Kubrick lui-même. Suite à sa rencontre avec le producteur James B. Harris, le réalisateur américain accède à l’industrie du cinéma hollywoodien et signe en 1956 The Killing, le premier succès d’une longue série de productions devenues cultes. Sa carrière, de près de cinquante ans, compte treize films, primés à huit reprises aux Oscars et salués par quatorze nominations. Parmi ses plus grandes réussites se trouvent Spartacus (1960), 2001 : l’odyssée de l’espace (1968), Orange mécanique (1971), Barry Lyndon (1975), ou encore The Shining (1979). Comme en témoigne l’ingéniosité de ses mises en scène, le cinéma de Stanley Kubrick n’oubliera rien de ses premières années de photographie. Son esthétique, associée à des thématiques audacieuses et provocantes, a élevé le réalisateur new-yorkais au rang de figure majeure du cinéma du 20e siècle.