En réponse à une année propice à la redécouverte des paysages qui nous environnent, le MBAL célèbre la montagne, destination prisée des Suisses. Le paysage naturel, source d’inspiration pour les artistes depuis de nombreux siècles, est au coeur de notre programmation. L’exposition Montagne Magique Mystique puise dans les fonds de photographies historiques de 18 collections publiques et privées de Suisse et révèle des tirages pour la plupart jamais exposés au public. Inspirés par les peintres qui dépeignaient de majestueux panoramas alpins, les premiers photographes ont emmené leur lourd équipement lors de leurs excursions dans les Alpes. La photographie de montagne s’est développée au 19e siècle parallèlement à l’alpinisme, répondant aux besoins d’images d’un tourisme naissant. Bien que les photographes se soient battus contre des conditions difficiles, travaillant avec un équipement encombrant qui les obligeait à transporter des produits chimiques, des plaques de verre et des tentes servant de chambre noire le long de falaises, ils ont réussi à produire des images extraordinaires, tout en proposant une variété de points de vue. L’exposition témoigne de l’engouement des premières générations de photographes pour les hauts sommets: considérés jusqu’alors comme des espaces sauvages et dangereux, ils sont soudain perçus comme les lieux d’une nature glorieuse et de grande beauté. L’exposition rend hommage non seulement aux artistes qui ont souvent risqué leur vie pour photographier la majesté des montagnes, mais aussi aux collectionneurs institutionnels et privés qui ont conservé leurs images jusqu’à ce jour.
Aujourd’hui, la pratique contemporaine se révèle dans une déconstruction et une interrogation de la notion de paysage. Certain·e·s artistes travaillent directement dans la nature, d’autres réagissent aux inquiétudes écologiques ou s’emparent du végétal pour expérimenter de nouvelles formes artistiques. Le MBAL a invité quatre artistes contemporain·e·s à intervenir en lien avec cette thématique: Mauren Brodbeck (Suisse, 1974) fait flotter ses oeuvres dans l’espace. Le paysage naturel lui permet d’interroger l’intangible. L’installation de Rudy Decelière (Suisse/France, 1979), constituée de grandes herbes sèches qui frémissent grâce à des aimants et un réseau de fils de cuivre, se vit par les sons et les vibrations qu’elle génère avec les peintures de la collection du MBAL. Ester Vonplon (Suisse, 1980) crée des photogrammes avec du papier photographique datant de 1907. Ses images prennent alors une forme inattendue en raison du processus de vieillissement. Enfin, Anastasia Samoylova (Russie/USA, 1984) a réalisé une installation monumentale inédite pour la façade du MBAL. Sa pièce murale convoque le Grand Canyon sur fond de changement climatique.
Cela s’entend, contempler la nature ne se vit pas qu’au travers des images. Le MBAL invite son public à poursuivre la visite du musée en se rendant au coeur du paysage jurassien. En septembre 2021, la 6e édition du festival de photographie contemporaine Alt. +1000 se tient dans la vallée de La Bré- vine. Pour compléter ces expositions consacrées au paysage, le MBAL publie un texte inédit du philosophe italien Emanuele Coccia, auteur des essais remarquables La vie des plantes et Métamorphoses.
Bonne exploration !
Nathalie Herschdorfer, Directrice
