Né au Locle, Jean-Pierre Schmid s’installe à La Brévine en 1946 dans une ferme isolée aux Cuches, appelée « L’Ermitage », ce qui lui vaut le surnom de « l’ermite ». Artiste régional fondamental, Lermite s’est formé à l’École d’art de Bienne avec Ernst Ruprecht et est passé par diverses phases stylistiques. D’abord influencé par l’expressionnisme allemand et le constructivisme, l’artiste a ensuite renoué avec la figuration, comme en témoigne sa tête de bœuf suspendue par le museau – initialement une étude au crayon noir devenue une œuvre à part entière. Cette dernière dépeint une chair déchirée, une langue pendante et des vertèbres ensanglantées, symbolisant ici la vulnérabilité des animaux d’élevages face aux besoins humains. Lermite utilise des couleurs complémentaires, du gris au vert, avec des nuances de mauve, surtout présentes dans l’arrière-plan de la toile. Cette pièce rappelle l’œuvre Le Bœuf écorché de Rembrandt. Datant de 1655, cette nature morte comporte la même portée morale qu’un memento mori et surprend par le rendu huileux des matières et de la chair. Inspiré par cette dernière, Charles Soutine exécutera une œuvre du même nom en 1925, révélant également un style expressionniste, représentatif du style de l’artiste jusqu’à la fin des années 1950. Cette œuvre a été présentée au MBAL lors de l’exposition animal instinct/instinct animal (2023-2024).
À la mort de Lermite en 1977, une Fondation est créée dans le but d’honorer sa mémoire et de faire connaître son œuvre au-delà de la région neuchâteloise. Le siège se tient dès lors au MBAL, qui possède par ailleurs la totalité de l’œuvre graphique de Lermite, donation souhaitée par l’artiste même de son vivant.
Huile sur toile, inv. MBAL/FL 52